Arguments scientifiques, philosophiques et spirituels CONTRE les dons d'organes

 


Regard extrait du bimestriel TERRE DU CIEL
- N°47 - Décembre 1998/Janvier 1999
www.terre-du-ciel.fr


Corps perdu
( par Jacqueline Kelen )


Jamais les spécialistes du sport, de la santé, de l'esthétique ne se sont autant préoccupés du corps, de notre corps. Et moins que jamais celui-ci semble nous appartenir, nous définir. Il en va de lui comme une automobile : on vous propose de refaire la peinture ou la carrosserie, de changer le carburateur ou l'accélérateur, de l'assister par divers systèmes de sécurité, de lui faire consommer du diesel ou du bio... Bref, grâce à telle pilule miracle contre l'impuissance ou contre l'obésité, grâce au lifting et aux implants, chacun va vivre très jeune, très beau, très fort pendant très longtemps. Du moins en apparence, avec un nouveau crépi et les pièces de rechange obligatoires.

Au nom de cette lutte acharnée contre le vieillissement, qui cache mal une peur panique devant la finitude de toute chose et devant la mort, on bricole et on trafique le corps - celui des plantes, des animaux et des humains morts ou vifs. Au nom de la santé de tous et de la recherche médicale, on clone, on greffe, on manipule, et on stocke des embryons, tout cela pour notre plus grand bien. Comme l'affirmait dans ses suaves publicités à musique de guimauve une énorme firme de médicaments chimiques et produits polluants [Rhône-Poulenc] : "Bienvenue dans un monde meilleur..."

Mais qu'est-ce que le corps et où est-il ? Je veux dire : quelle est la place, quel est le sens, le poids que je donne à ce corps que j'habite plus ou moins heureusement, que je quitterai plus ou moins à regret ?

Il y a tous ceux qui de leur corps veulent faire un outil performant, efficace, ceux qui le forcent, le dopent. Et puis, plus nombreux sans doute, ceux qui le traînent comme un boulet, l'abrutissent de drogues et de calmants, ceux qui le méprisent au point de le délaisser, de lui dénier toute qualité de sacré, les adeptes du dédoublement, de la lévitation et autres "sorties hors du corps", les nouveaux ascètes qui pratiquent le jeûne et les veilles prolongées comme une exténuation du physique et une extinction des désirs...

D'un côté il y a trop de corps, exhibés dans les magazines et autres médias, pléthore d'organismes biologiques à l'étal de la Science marchande, et d'un autre côté les gens se sentent de plus en plus mal "dans leur peau", au point de devenir évanescents et transparents, subtils ou virtuels, sans plus de contact avec le corps vivant, un corps digne d'amour, d'admiration et de respect. Un corps capable d'aimer. Ainsi, on ne sait plus bien où se situe le corps, s'il est bon, s'il est mauvais, ni à qui il appartient.

[...]

Mais voici. Ce n'est plus la peine aujourd'hui de vous tourmenter au sujet du corps, de "votre" corps, puisqu'il ne vous appartient plus. Mais qui le sait ? Qui s'en soucie ?

Depuis précisément juillet 1994, en vertu d'une loi qualifiée sans rigoler de "bioéthique" (la Bioéthique, c'est comme la Liberté : que de massacres on commet en son nom...), depuis ce mois d'été où les Français se doraient à la plage ou marchaient dans la campagne, chacun de nous a perdu la propriété de son corps physique. C'est très grave - pas tant pour le corps que pour la liberté individuelle - et cette loi n'a fait l'objet d'aucun référendum et elle n'a pas émoustillé la presse du pays.

Je m'explique. Jusque-là, il semblait aller de soi que chacun faisait ce qu'il voulait de la peau, des yeux, des reins, des os, des cheveux, du sang, etc. qui composent son corps, qui sont son corps ; après la mort, chacun pouvait être, selon son voeu, enterré ou incinéré ; ou bien il pouvait encore choisir, de son vivant, de "faire don de son corps à la science". Or, depuis cette loi de juillet 1994, "toute personne est considérée consentante au prélèvement de ses organes et tissus après sa mort si elle n'a pas manifesté son refus de son vivant". Renversement total. Désormais, il faut déclarer très précisément et fermement qu'on "ne veut pas donner son corps à la science".

En jouant sur la corde sensible et inusable de la "solidarité", la médecine occidentale moderne oblige chacun à léguer ses organes, tissus et cellules. En fait, il s'agit surtout d'une propagande pour un certain type de recherche et de pratiques médicales. La générosité entre humains ne se limite pas à un don d'organes ; et l'espérance de vie, calculée en nombre d'années, ne remplace pas l'espérance que chacun met en la vie ni la qualité de cette vie. Ainsi, sur un sujet qui concerne chaque individu et qui l'atteint dans son identité, dans ses croyances ou principes, il n'y eut ni référendum, ni véritable information du public. Pas plus que pour les manipulations génétiques, animales, végétales et humaines, qui touchent à la vie même.

J'ai eu beaucoup de mal à trouver, enfin, dans une pharmacie le dossier établi (de façon ridiculement partiale) par l'Établissement français des Greffes ["Parce que refuser son corps à la science, c'est faire le mauvais choix.", écrit un peu plus loin J. Kelen, dans un passage non repris ici.] et j'invite chaque lecteur à se procurer ce document et à le lire attentivement pour se faire son propre jugement.

Les arguments frappants, avec nombre d'adresses précises, sont fournis à tous les bons Français qui, par solidarité bien sûr, vont donner leurs organes et autres babioles après leur mort ; c'est-à-dire nous tous en principe, puisque la loi de juillet 94 l'impose ou l'autorise. Désormais, notre corps appartient au... corps médical.
[Toutefois, les médecins affirment qu'ils continuent à demander leur accord à la famille ou à l'entourage du "mort" - qui n'est en fait que mourant (voir ci-dessous). Dans tous les cas, il est donc important d'avoir exprimé son opinion à ce sujet.]

Si par extraordinaire il existe un esprit tenace, critique, rebelle et désagréable, une de ces personnes qui ne voudraient pas être découpées, trafiquées, stockées et éventuellement greffées sur d'autres vivants, alors celles-là peuvent faire part de leur refus. [...] Si donc "vous êtes contre le don" (!) d'éléments de votre corps, vous pouvez vous adresser au "Registre national des Refus" (!). [...]

[...]

Vous l'avez compris : il en va de la liberté de chacun. Ce sujet du don de son corps, de ses organes et tissus, est une affaire éminemment personnelle, qui en aucun cas n'aurait dû être réglée par une loi pour tous.

Pour ma part, bien avant cette odieuse loi de bioéthique (odieuse, c'est pourquoi Lionel Jospin a entrepris en 1998 de l'améliorer en créant le Registre des Refus), ma décision était prise : jamais je ne donnerai mon corps à la science, si vieille et si délabrée que je sois lorsque je mourrai. Non, je serai tout à fait inutile et inutilisable. Pas du tout solidaire de ce progrès, de cette science que je ne cautionne pas. Je préfère partir en fumée et rejoindre les poissons de la mer ou les fleurs des champs, me confiant à qui voudra bien disperser mes cendres.

Même si je sais que l'essentiel demeure hors de l'enveloppe charnelle, je sens que je ne pourrai pas trouver le repos (ou le champ des bienheureux selon l'Egypte, ou une autre sphère chantante) si mon corps reste dans une chambre froide ou se fait découper et finit sous le scalpel ou le microscope d'un chercheur. Mais, de mon vivant, je peux en toute conscience choisir de donner mon sang, d'offrir un rein ou un peu de moelle osseuse.

Bien sûr, pour être cohérent, celui qui souhaite garder après la mort l'intégrité et la liberté de son corps, celui-là ne doit pas attendre ni demander une greffe quelconque en cas de maladie ; et il doit accepter de mourir sans recevoir l'organe ou les cellules d'un autre. On ne peut pas jouer sur les deux tableaux.

Que chacun, donc, s'informe, réfléchisse, exerce son jugement. Et que chacun, selon ses convictions religieuses ou philosophiques, selon ce qu'il ressent profondément, fasse son choix et l'exprime. Mais, Grand Dieu, qu'on arrête de faire du chantage à la solidarité et à la générosité pour juguler notre liberté personnelle !

***

Mon corps, c'est moi. Même si ce n'est pas tout moi. En disant et en vivant "mon corps", cela ne veut pas montrer que je le possède et que jalousement je ne veux le donner à personne. Cela veut dire que le corps que j'habite pour le moment, que je peaufine ou qui m'est à charge et à douleur, mais enfin ce corps est unique et irremplaçable, il exprime mon individualité. Au nom de l'entièreté de la personne, il ne resservira pas. Car il s'agit bien de respecter la personne humaine qui n'est pas une boîte à outils ni un jeu de "legos". Non, ce corps unique et irremplaçable, quels que soient son état physique, son apparence, ses faiblesses et maladies, ce corps n'est pas un ensemble de pièces détachées et détachables. C'est un être vivant, indissoluble.

***

Méchante bête que je suis, j'ai donc écrit au très secret Registre National des Refus, BP 2331, 13213 Marseille Cedex 02.

Jacqueline Kelen




Compléments :

Depuis 1968, la mort pour les médecins, c'est la mort cérébrale. Dans certains cas, les autres organes vitaux ne sont pas touchés ; c'est alors qu'une transplantation peut être envisagée. [Mais depuis 2007, la pratique des prélèvements "à coeur arrêté" seulement est autorisée en France ! (voir ci-dessous)] Afin de garder irrigués et oxygénés ces organes, une ventilation artificielle est mise en place, permettant la poursuite des mouvements respiratoires et cardiaques. Or, il faut savoir que, malgré les lésions cérébrales irréversibles, et sans assistance artificielle, le coeur continue à battre spontanément de 24 à 48 heures ! C'est donc bien que quelque chose de vivant anime encore le corps : c'est l'âme qui ne s'est pas encore détachée du corps. Il est évident que la plupart du temps la personne est en train de mourir, et qu'elle ne "ressuscitera" pas. Mais elle n'est pas encore morte ! Comme l'a dit dans un lapsus fort révélateur un chirurgien, dans une conférence sur les dons d'organes à laquelle j'assistais : "elle continue de vivre puisque le coeur continue à battre" ! Si les organes sont morts, le donneur est bien mort ; si les organes sont vivants (et il faut bien qu'il en soit ainsi pour une greffe), c'est que le donneur est encore vivant. C'est aussi simple que cela. Une question de bon sens.

En réalité, il n'existe aucun argument rationnel pour le don d'organes après la mort. Tous les arguments utilisés ne jouent que sur le sentimentalisme pour cacher ce vide et aller à l'encontre du ressenti qui s'oppose viscéralement à cela en chacun de nous.

Car :

SCIENTIFIQUEMENT

- La mort cérébrale n'est pas la mort ! Il existe des cas bien documentés de patients ayant présenté une mort cérébrale transitoire (ElectroEncéphaloGramme plat) après un accident cardiaque gravissime et qui ont rapporté ensuite ce qu'ils avaient entendu et vu dans la salle d'intervention au moment le plus critique, alors que leur cerveau n'était plus fonctionnel ! (étude du cardiologue Pim Van Lommel dans
The Lancet - l'une des plus prestigieuses revues médicales au monde - du 15-12-2001). Donc la mort du cerveau n'implique pas nécessairement la mort de la conscience. Ce qui signifie que, même si vous ne pouvez pas crier, vous pouvez tout à fait encore être conscient du fait qu'on vous ouvre le corps pour se servir à l'intérieur !

- Le corps du receveur rejette les organes d'un donneur étranger. Le receveur doit donc subir un traitement anti-rejet à vie, traitement destiné à affaiblir son système immunitaire naturel. Ce rejet naturel de l'organe greffé par l'organisme receveur ne devrait-il pas nous faire réfléchir ? Ce n'est pas pour rien que la nature est régie par certaines lois, l'homme peut bien essayer de les enfreindre mais cela se retournera tôt ou tard contre lui.

PHILOSOPHIQUEMENT

- Quelle notion reste-t-il de la personne humaine et de sa dignité si elle n'est plus qu'une vulgaire boîte à outils dans laquelle on se sert sans complexe ? Un ensemble de pièces détachées et détachables ? Plus rien n'est sacré, tout est devenu une marchandise.

- "ainsi ma mort servirait à quelque chose" : entend-on souvent... Mais que penser d'une civilisation où tout doit "servir à quelque chose", même la mort ? Personne n'est immortel et ne le sera jamais. Quelqu'un qui attend une greffe ne vit pas au présent, il est suspendu au futur. Et s'il obtient une greffe, qu'a-t-il obtenu sinon un sursis puisqu'il devra mourir de toute façon ? Ce n'est que repousser le problème, qui est : comment peut-on bien vivre si l'on n'accepte pas déjà sa propre finitude ? La mort fait partie de la vie (voir "La mort intime" de Marie de Hennezel sur les soins palliatifs, ou les livres de Elisabeth Kübler-Ross).

- "saloperie de maladie", "c'est injuste, il était si jeune"... Qu'est-ce qui fait la valeur d'une vie ? Sa durée et "quantité", ou sa "qualité" ?

SPIRITUELLEMENT

L'argument habituel utilisé est que "les religions n'y sont pas opposées". Mais la spiritualité n'est pas réservée qu'aux moutons des églises ou autres sectes. Pour ceux qui préférent réfléchir par eux-mêmes, il y a beaucoup à redire à ce sujet :

- « Le critère de mort cérébrale utilisé aujourd'hui est insuffisant, car à ce stade l'organisme continue de fonctionner, soit de lui-même, soit aidé par des appareils. Dans les deux cas cependant, le sang est présent et circule. L'esprit du décédé est donc encore relié au corps. S'il est contrarié par la tentative de prélèvement d'organes que l'on effectue sur son corps, et qu'il cherche à le réintégrer pour le défendre, il en résulte un renforcement des irradiations qu'il émet vers son organisme physique et, par là, un renforcement de sa liaison avec lui. En conséquence il ressent alors dans le vif toutes les douleurs qu'engendre l'intervention chirurgicale destinée à lui prendre des organes.

Cela explique pourquoi les donneurs, bien que déclarés "morts", sont de plus en plus anesthésiés avant l'intervention. Souvent ceux-ci se débattaient si vigoureusement par des mouvements des bras et du corps pour se soustraire au prélèvement que cela perturbait le bon déroulement de l'intervention chirurgicale et terrorisait tout le personnel médical. Ce que certains déclarent n'être que des mouvements réflexes sont en réalité les réactions de défense d'un esprit encore lié au corps par son irradiation sanguine. »


Christopher Vasey, Mourir, c'est naître dans l'au-delà
Lire aussi : Ces morts dont le coeur bat encore

- Des récits rapportés par des médiums font froid dans le dos et montrent qu'il n'y a au final guère de différence entre ces médecins qui utilisent des coeurs encore chauds arrachés à un corps humain pas tout à fait mort, et les anciens prêtres aztèques et mayas lors de leurs sacrifices humains.

- Une fois la transplantation effectuée, les organes greffés resteraient "imprégnés" de l'essence du donneur (certains affirment même que la personne décédée reste reliée à ses organes greffés, condition indispensable pour que ceux-ci continuent à fonctionner). Cela expliquerait les changements de caractère et de comportement souvent observés chez les personnes greffées, d'autant plus que le traitement immuno-suppresseur à vie qu'elles subissent pour éviter le rejet ne peut qu'affaiblir leur esprit, et par conséquent leur vouloir et leur libre arbitre.


En conclusion :

Cette question des dons d'organes interroge profondément chacun sur sa conception de la vie, de la mort et de sa propre existence ; elle ne peut se contenter d'une approche superficielle et d'un jugement rapide et expéditif. J'ai voulu ici montrer en premier lieu qu'il y a des arguments valables et recevables CONTRE les dons d'organes, et non une attitude purement irrationnelle, comme on préfère souvent le faire croire ou le sous-entendre quand quelqu'un veut s'y opposer. En réalité, c'est l'inverse : l'irrationnalité est du côté des partisans du don d'organes, qui se laissent abuser par les promoteurs de cela que sont les médecins et chirurgiens, qui y voient souvent bien plus le prestige professionnel et l'orgueil spirituel ("la science plus forte que la maladie et la mort") que les raisons de "don de soi généreux" et "d'acte d'amour" invoquées ouvertement...

Après, à chacun de voir et de se prononcer pour lui-même compte tenu des éléments apportés ici et jamais abordés lors des campagnes officielles d'appel à donneurs, mais alors la décision pour ou contre aura été prise en toute connaissance de cause plutôt que seulement pour se donner bonne conscience ! Cela seul compte pour l'auteur de ces compléments, qui respecte au final le choix de chacun.

Jérôme Lemonnier

P.S. : Je suis inscrit au Registre National des Refus, mais, en cohérence avec moi-même, je n'attendrais et ne demanderais aucune greffe en cas de maladie. La mort ne me fait pas peur, je ne jouerais pas sur les deux tableaux.

 


 
Article du Monde du 10 juin 2008 :
Le donneur d'organes n'était pas mort


Extrait :

« C'est une affaire aux frontières de la vie et de la mort. Un dossier qui suscite émotion et réflexion chez les professionnels de la réanimation médicale et chez les responsables chargés de la bioéthique. Qui les oblige à se demander quels critères objectifs permettent de dire à partir de quand un malade sur lequel on pratique une réanimation peut être considéré comme un donneur d'organes. Sachant que ces organes, une fois greffés, permettront de prolonger l'espérance de vie d'autres malades.

Début 2008, à Paris, un homme âgé de 45 ans présente, sur la voie publique, tous les symptômes d'un infarctus du myocarde massif. On apprendra par la suite que, tout en sachant être à haut risque cardio-vasculaire, il ne suivait pas son traitement. Intervention quasi immédiate du SAMU, qui confirme le diagnostic. Une réanimation adaptée est mise en oeuvre moins de dix minutes après l'accident cardiaque. Elle ne permet toutefois pas d'obtenir une reprise spontanée des battements du coeur. La présence voisine du groupe hospitalier de La Pitié-Salpêtrière, où l'on peut pratiquer une dilatation des artères coronaires, fait que les médecins choisissent de poursuivre les manoeuvres de réanimation durant le transport en urgence vers le service spécialisé. A l'arrivée, le coeur ne bat toujours pas et, après analyse rapide du dossier, l'équipe des cardiologues estime que la dilatation coronarienne n'est techniquement pas réalisable. Les médecins commencent dès lors à considérer leur patient comme un donneur potentiel d'organes : un donneur dit "à coeur arrêté".

La suite de l'affaire est rapportée dans le compte rendu officiel d'une réunion du groupe de travail sur les enjeux moraux de ce type de prélèvements qui a été récemment constitué au sein de l'"espace éthique" de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). On y apprend que les chirurgiens pouvant pratiquer les prélèvements d'organes n'étaient pas immédiatement disponibles. Lorsqu'ils arrivent au bloc, leurs confrères pratiquent le massage cardiaque depuis une heure et trente minutes, sans résultat apparent.

Mais au moment même où ils s'apprêtent à opérer, les médecins ont la très grande surprise de découvrir que leur patient présente des signes de respiration spontanée, une réactivité pupillaire et un début de réaction à la stimulation douloureuse. "Autrement dit, il existe des "signes de vie" (ou symptômes) - énoncé équivalant à l'absence des signes cliniques de la mort", peut-on lire dans le compte rendu, qui se poursuit ainsi : "Après plusieurs semaines émaillées de complications graves, le patient marche et parle, les détails concernant son état neurologique ne sont pas connus." Aucune précision n'est donnée quant au fait de savoir si ce malade a eu ou non connaissance du projet de prélèvement...

Au cours de cette même réunion, plusieurs autres réanimateurs, à commencer par ceux travaillant dans des SAMU, évoquent des situations "où une personne dont chacun était convaincu du décès survivait après des manoeuvres de réanimation prolongées bien au-delà des durées habituelles, voire considérées comme raisonnables". Chacun concède alors qu'il s'agit là "d'histoires tout à fait exceptionnelles, mais que l'on rencontre au cours de sa carrière". Les participants soulignent que, si les recommandations officielles actuellement en vigueur avaient été suivies à la lettre, la personne "aurait probablement été considérée comme décédée". "Cette situation constitue une illustration frappante des questions qui persistent dans le champ de la réanimation, des modalités d'intervention et des critères permettant de conclure à l'échec d'une réanimation", font valoir les spécialistes.

Un tel cas n'aurait pas pu survenir avant 2007, quand la pratique des prélèvements "à coeur arrêté" n'était pas autorisée en France. Les prélèvements d'organes n'étaient alors effectués que chez des personnes en situation de coma dépassé et chez lesquelles la mort cérébrale était dûment confirmée par des examens électrographiques et neuroradiologiques.

Pour répondre à la pénurie chronique de greffons disponibles, les responsables de l'Agence de la biomédecine décident de lancer, début 2007, un programme expérimental chez des personnes dont le coeur venait de cesser de battre faute d'avoir pu être réanimées par massage cardiaque, ventilation mécanique et, parfois, circulation extracorporelle. [...] »
 

 


 
Newsletter Santé Nature Innovation du 10 mai 2012 :
Avant de donner vos organes, lisez ceci

 
Sur le site de Alternative Santé :
Dons d'organes : réfléchissez-bien !

 
Extrait de la newsletter Alternative Santé n°140 du 15 avril 2015 :

« J'espère pour vous que vous n'avez pas l'intention de mourir dans les prochains jours. Si c'est votre cas, n'oubliez pas de vous préoccuper de vos organes avant de passer de vie à trépas car ils ne sont désormais plus à vous. Ils appartiennent à la collectivité depuis que les députés ont voté, il y a quelques jours, la loi Touraine.

Auparavant, avant de vous transformer en magasin de pièces détachées, on vérifiait que vous aviez donné votre accord formel à un don d'organes. Aujourd'hui, on le présumera. Finie la générosité, la grandeur d'âme, maintenant, c'est la réquisition.

Je ne doute pas que cette loi ait été adoptée pour des raisons louables. Il y a tant de demandes d'organes et si peu d'offres que cela ouvre la porte à un marché parallèle des organes, hautement rémunérateur et bien peu moral. Mais cette appropriation du corps - même s'il est mort - par le législateur fait quand même frémir. Car si vous avez le bon profil (entre 16 et 30 ans) et que vous avez été gravement blessé à la tête, qui vous dit qu'on ne cherchera pas à préserver vos organes plutôt que de vérifier s'il n'y avait pas moyen, malgré tout, de vous sauver ? [...] »
 

 


 
Mise à jour du 27 novembre 2016

 
ATTENTION !
Le prélèvement devient automatique en 2018

 
"Au moment où le patient passe en état de mort cérébral, et vous allez dire à la famille 'quel que soit votre avis, je ferai un prélèvement d'organes',
ça peut être vécu par ces familles comme une confiscation (…). J'appelle ça une étatisation, une nationalisation du cadavre."
Professeur Denis Safran

 

Depuis la loi de 1976, tous les Français étaient déjà présumés consentir à ce que leurs organes ou tissus soient prélevés après leur mort, mais s'il n'y avait pas d'inscription sur le Registre National des Refus, on demandait quand même avant à la famille son autorisation. A partir de 2018, ce sera terminé. Si le défunt n'a pas pas fait part de son opposition de son vivant, le prélèvement se fera de façon automatique : la famille du défunt ne pourra plus s'y opposer !

Donc, FAITES CONNAÎTRE VOTRE REFUS (si c'est votre choix). A partir de janvier 2017, ce sera possible directement en ligne à l'adresse suivante : www.registrenationaldesrefus.fr